Quelles perspectives pour le leasing en Tunisie ?

L’activité de leasing en Tunisie a commencé dans les années 80 avec la création de Tunisie Leasing en 1984. Cette activité s’est ensuite développée dans les années 90 avec la création de 6 nouvelles sociétés parmi celles qui opèrent à ce jour. Aujourd’hui, 8 sociétés de leasing opèrent  sur le marché dont 7 sont cotées en Bourse. Contrairement au secteur bancaire, le secteur du leasing se caractérise par un soutien plus important au financement des Très-Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME), et est reconnu principalement par la célérité de traitement des dossiers ainsi que la souplesse des procédures de financement. D’après les derniers indicateurs financiers, le secteur du leasing traverse cependant depuis 2018 une période difficile. En effet, le résultat net cumulé des 7 sociétés de leasing cotées en bourse a baissé de 26,2% en 2018 par rapport à 2017. Cette baisse a concerné 6 sociétés de leasing, la 7^ème  ayant enregistré des pertes en 2018 (voir figure ci-dessous). Plusieurs facteurs expliquent cette baisse sensible du résultat net dont principalement :

• La forte baisse de la nouvelle production (mises en force) en 2018 en raison des tensions en matière de liquidité (-18,2% par rapport à 2017) ;
• L’augmentation sensible du coût de refinancement des sociétés de leasing qui, sous l’effet de la forte concurrence, n’a pas été rapidement répercutée sur leurs clients
• Les modalités réglementaires de fixation du Taux d’Intérêt Excessif (TIE) qui a limité les possibilités d’une augmentation rapide et suffisante des taux de financement (le taux des emprunts obligataires a atteint 11.5% en 2018). En effet, le changement du TIE ne peut se faire que semestriellement sur la base des taux appliqués par le secteur courant le semestre passé (pour information, le taux d’usure du 2^ème semestre 2018 a été de 12,22%)
• Une conjoncture économique difficile du pays (faiblesse de l’investissement, hausse continue du TMM, dépréciation du dinar, taux d’inflation élevé, grèves,…)

Une telle situation, si elle perdure, risque de mettre en péril tout un secteur et par ricochet le financement de l’économie tunisienne dans son ensemble et des PME en particulier. En effet, la production (mises en force) des sociétés de leasing cotées en Bourse a continué de ralentir de 3,7% sur le 1^er semestre de 2019 par rapport au 2^ème semestre de 2018. Des mesures de fond sont à étudier et à appliquer afin d’améliorer  les perspectives du secteur du leasing et lui permettre ainsi de continuer d’offrir  un moyen privilégié de financement des PME. Parmi de telles mesures, nous citons les réflexions suivantes :

1. Permettre aux sociétés de leasing, à l’instar des banques, de recourir directement au marché interbancaire pour se refinancer avec des taux plus intéressants ;
2. Revoir le mode de calcul du taux de couverture du risque de change pour la couverture des lignes de crédit en devises, par Tunis Ré.
3. Revoir les modalités de calcul et de publication du Taux d’Intérêt Excessif (taux d’usure) en :

-augmentant la majoration actuelle (20 %) par rapport aux TEG moyen à au moins 30%, voire  même en supprimant ce taux plafond afin de laisser l’effet de la concurrence le réguler. -révisant la fréquence de publication actuelle du TIE (semestrielle)  en faveur d’une périodicité trimestrielle voire même mensuelle à l’instar du TMM

4. Explorer de nouvelles niches de marché permettant aux sociétés de leasing d’exploiter d’autres gisements de croissance et de nouveaux équipements à financer. Ceci sachant qu’actuellement, environ 80% des actifs financés par le leasing sont concentrés sur le matériel roulant.